18h30 : c'est parti. Bouchons et Vangelis en guise d'introduction, bis repetita de 2008, mais cette fois au milieu d'une foule plus dense encore de fans en transe, agitant appareils photos et banderoles, exhortant tonton à faire de son mieux, secouant frénétiquement les cloches portées en une autre vie par des Hérens batailleuses.
Ambiance dernier virage de l'Alpe d'Huez, version à plat. Nous sommes, en toute simplicité, les dieux de l'Olympe, avant même de l'avoir gravie. | ![]() |
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Le jour commence à poindre lors de notre descente, et mon estomac bien que libéré d'un gros poids n'a pas encore décidé de me laisser en paix.
Gilles et Laurent ne sont plus là, ils ne pourront être témoin de ma deuxième pose tactique en cours de descente, douloureuse celle-ci, car bileuse. Crampes d'estomac, jambes flageolantes, magnifiques rayons du soleil levant sur les glaciers bleutés nous faisant face, versant opposé. |
Entre temps, cela grimpe, de nouveau. Arête du Mont-Favre. Une petite arête seulement, pas même un petit col, de sommet encore moins. Mais une éternité devant soi, à se faire doubler, piétiner, conspuer, des hordes de traileurs sanguinaires me dépassent, sans considération aucune, couteaux entre les dents, machettes à la main. Si si. « Ca va ? » me demande-t-on invariablement et continuellement, me semble-t-il. Que répondre. « Oui ça va », mensonge éhonté ! Enfin le point de contrôle, situé à un endroit que l'on ne peut raisonnablement point nommer « col », sous peine de s'exposer à de graves désillusions par la suite. Prise de tension psychologique par un officiel, question désormais rituelle : « Ca va ? » Réponse facile : non. J'explique mon cas ; direction la jolie tente jaune, un Spasfon© et un Volagène©, deux demi-siestes d'un quart-d'heure, et c'est reparti. Bilan : Gilles et Laurent sont certainement bien loin déjà, et presque deux heures de retard par rapport à l'année passée. |
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S'en suit la si longue portion nous menant au refuge Bonatti, succession de torves coups de cul, de traîtres relances au combien nécessaires pour établir un temps honorable ; et étonnamment de lassitude, parfois, la vue étant simplement magnifique ici. Les glaciers se succèdent sur les flancs du Mt Blanc et de ses petits voisins. Je m'allonge dix minutes dans l'herbe et profite du soleil. Et pis c'est tout. Les regards en coin des quelques coureurs qui me passent devant ne m'atteignent pas, zéro culpabilité. |
Enfin un ravitaillement conséquent qui arrive à passer, un nouveau Spasfon© ainsi qu'un nouveau Volagène© aidant.
Les pâtes ici sont très bonnes, on a du retrouver en chemin les italiens égarés de Courmayeur. Les couchettes elles-aussi paraissent bien accueillantes, et je ne peux manquer de leur faire honneur une petite demi-heure. En entrant dans la tente réservée à cet effet, je manque de m'empaler sur un coureur qui, lui, émerge. C'est Gilles... et Laurent à ses cotés. Inattendu et sympathique, mais ne nous épanchons pas en d'interminables retrouvailles, droit à l'essentiel, dormons. Enfin pour ma part, car les inséparables Gilles et Laurent eux repartent. Une demi-heure de retard donc, si loin si proche. | ![]() |
Quelques stats pour les amateurs :